[A lire] Avec “La Chartreuse des Sauvages”, vous ne verrez plus cette montagne comme avant !
“La Chartreuse des Sauvages” est le dernier roman d’Eric Tchijakoff, auteur de la vallée du Grésivaudan, dont Alpes Là vous a déjà partagé le projet photographique “Une Montagne de Portraits”.
Si comme moi, vous aimez le beau massif montagneux de la Chartreuse pour son côté sauvage, et vous vous indignez contre la privation d’accès d’une réserve naturelle nationale réquisitionnée par une caste de fortunés, sans aucun doute serez-vous attiré par la lecture de cet ouvrage aux multiples surprises.
Dès la première page, vous apprendrez que le titre est à prendre avec plusieurs sens :
la Chartreuse, c’est aussi par définition nous dit l’auteur “une maison de campagne à l’architecture austère”… et les sauvages renvoient tout aussi bien à des êtres “qui n’ont pas le comportement social, l’attitude morale attendus dans une société civilisée”.
Prenant donc pour décor le territoire de Chartreuse, depuis la vallée, en passant par son village dénommé Bourg de Chartreuse, jusqu’à sa cime ou plutôt sa fameuse Dent, le roman nous plonge dans une histoire qui démarre de manière réaliste, par la rencontre de personnages vivant des quotidiens plutôt ordinaires à l’image de notre société, marqué entre autre par le travail ou le chômage, les inégalités, les questionnements existentiels ou encore la recherche de l’amour.
Mais le récit prend rapidement une tournure plus énigmatique avec le démarrage du programme “Corps, Esprit et Nature” sous la houlette d’Edouard, novice autoproclamé en coaching au sein de l’entreprise Elecstyl.
C’est ainsi qu’un groupe d’individus mu par un gourou improvisé va petit à petit se rapprocher du sauvage de la Chartreuse et quitter le monde dit civilisé avec des pratiques pour le moins étranges, jusqu’à créer des remous dans toute la vallée…
Alternant les péripéties vécues par les différents personnages et leurs réflexions, les histoires parfois réalistes, parfois saugrenues, finissent toujours par s’entremêler, jusqu’à ce que l’aventure de ces Sauvages tourne à une tragédie presque hors de contrôle.
Extrait :
Sur les pentes de la Dent, un loup, une louve, une renarde, une couleuvre, une étagne, une corneille, une hase, une martre et un sanglier pour fermer la marche. Ensemble, ils forment un Carnaval des animaux sans le début d’une note posée sur la partition. En vérité, la procession d’ombres écrasées par le silence n’a rien d’une joyeuse parade. À cette heure d’une aube qui ne semble pas vouloir se lever, la cohorte ne garde à l’esprit que l’objectif final. Dans la pénombre ne s’entend plus guère que le souffle des souffles accompagné du son feutré d’une marche somnambulique. Avec la lune pour seul témoin, leurs pas s’élèvent vers le sommet de la Dent, citadelle de pierre dont la silhouette aride émerge à grand-peine de la nuit.
“Sauvages ! Tous ensembles pour une dernière montée à la Dent, notre Dent”, avait proclamé Alpha Lupus avant que d’un commun accord, ils ne se déshabillent entièrement.
Ce roman iconoclaste, dont on ne sait jamais trop ce qui relève d’une certaine réalité ou de pure fiction, parvient à donner la soif de lecture aux curieux qui voudront bien s’y plonger malgré la sécheresse, tout en amenant à réfléchir en toile de fond sur des sujets des plus d’actualités : quel doit être notre rapport à la nature aujourd’hui, quelle place pour le monde dit civilisé et quelle place pour le monde sauvage,… L’attrait grandissant pour la nature sauvage et certaines pratiques pour s’en rapprocher ne mène-il parfois pas à certaines dérives ?
D’autres problématiques propres à la montagne et à nos vallées ne sont jamais loin : le réchauffement climatique, le retour du loup et le pastoralisme, le risque, les addictions à la montagne, ou encore la chasse…
Ce livre est vendu via la plateforme The Bookedition et peut également être obtenu en contactant son auteur.
Pour les librairies, la commande est possible via Dilicom.
En savoir plus : La Chartreuse des Sauvages – Eric Tchijakoff – 328 pages
