[Interview] Paolo, un bonhomme de neige à la mer, une aventure à vélo engagée, décalée mais très sérieuse !

Paolo, bonhomme de neige du Col de Montgenèvre, partira le 28 février 2019 de Briançon à vélo pour rejoindre la mer. Paolo, forcé de fuir de sa terre natale, témoignera tout au long de son parcours, de son espoir de trouver un ailleurs pour mieux vivre et de ses difficultés pour y parvenir.

Rencontre avec Théophile, un des organisateurs de ce projet un peu fou

Vincent pour Alpes-Là : Peux-tu nous expliquer d’où vient ce projet ?

Théophile : Vous voulez quelle version ? La vérité ou l’absurdité ?

La réalité : C’est une idée née sur le plateau du Vercors, un soir, dans une cabane, après une bonne fondue ! Nous étions sortis entre copains pour aller faire le moucherotte lors des premières neiges. Et là, paf, ça a été la révélation : Paolo venait de naître. Transporter un bonhomme de neige jusqu’à la mer, pour symboliser la personne qui fuit de chez elle en espérant trouver mieux ailleurs. Et pour toucher les gens chez nous, quoi de mieux que de prendre quelque chose de local ? Après tout, si la neige se barre en Afrique parce qu’elle en a marre du traitement qu’on lui réserve ici, on va vite avoir les boules… Et c’est le cas de le dire !!

L’absurdité : Paolo, il est né, il avait déjà 30 ans et deux enfants. Oui, chez les bonhommes de neige, tout est si éphémère qu’on fait les choses vite… Et le souci, c’est qu’avec ses engagements activistes pour sauvegarder le climat, il a mis plus d’une fois sa vie en danger : devant l’avalanche de catastrophes, il n’a pas pu faire autrement que de fuir pour sauver sa peau. Il a donc décidé de quitter sa famille, ses amis, tout ce qu’il avait, pour partir en quête d’un avenir meilleur. Il s’oriente à présent vers l’Afrique, là où dit-on, il sera mieux traité.

Nous, et quelques autres, on sera ses passeurs. Le vélo nous a semblé le moyen le plus sûr afin qu’il ne fonde pas trop sous l’effet de la chaleur : les véhicules thermiques, c’est pas pour lui ! (sans compter que ça participe à fond au réchauffement climatique et on ne peut cautionner ça).

Vincent pour Alpes-Là : Ce projet est-il réaliste ? Un bonhomme de neige né dans les Alpes peut-il vraiment atteindre la mer à vélo ? Comment va-t-il se dérouler ?

Théophile : Personne ne peut le dire : il s’agit d’une première mais cela risque de se reproduire car du fait du réchauffement climatique, de nombreux bonhommes de neige songent actuellement à quitter les Alpes, son climat devenant trop hostile.
Nous allons tout faire en tout cas pour assurer la survie de Paolo : vêtements isolants, système de réfrigération, apports extérieurs de neige, voir envoi de glacières de neige en Chronocoli 1H en cas d’urgence. On a déjà fait quelques tests plutôt concluants. On compte aussi sur la solidarité et l’hospitalité des habitants des territoires traversés pour lui apporter un peu de froid au coeur.

Vincent pour Alpes-Là : Justement, quel est le parcours prévu ?

Théophile : Le départ est prévu de Briançon le jeudi 28 février, puis il fera étapes à Chorges, Sisteron, Pertuis et enfin Marseille d’où il pourra embarquer sur un radeau de fortune. J’en profite pour faire passer un message : si vous avez possibilité de loger Paolo au frais et à l’abri de la pluie, faites le !

Vincent pour Alpes-Là : Au delà du défi technologique , ce projet a-t-il d’autres objectifs ?

Théophile : Paolo n’est pas un bonhomme de neige comme les autres ! A travers cette aventure un peu absurde, il renvoie à l’histoire des populations forcées de fuir leur pays et connaissant des difficultés en migrant dans un autre pays dans l’espoir d’un avenir meilleur. En montagne, la solidarité est la base de nos échanges, qui laisserait un bonhomme de neige en difficulté sur le bord du chemin ? Paolo, comme les humains, est très attachant et on a donc eu envie de l’aider dans sa quête et de se mettre en selle.

Vincent pour Alpes-Là : Concrètement, que peut-on faire pour soutenir votre projet ?

Théophile : Ce projet est fait pour sensibiliser aux questions des mouvements de populations exilées, et rappeler que malgré la dureté des voyages, il y a de la vie, de l’humour et de l’espoir en ces personnes et autour d’elles. Nous voulons redonner un souffle léger à travers un regard décalé. Le plus important, pour que cela fonctionne, c’est que le message touche tout le monde !

Votre mission, si vous l’acceptez, est de relayer le plus largement (et plus encore quand cela est possible – visez l’impossible) notre discours.

Envie de participer à la mobilisation ?

–  Rejoindre la page Facebook “Un Bonhomme de Neige à la Mer

–  Relayer et liker les publications #JesuisPaolo (Facebook et Instagram)

–  Afficher en soutien un bonhomme de neige en photo de profil, sous-titrée par #JesuisPaolo

– Proposer un témoignage ou action à partager (d’un migrant, aidant, association,…) à  jesuispaolo@framalistes.org

RDV au départ et à l’arrivée : Il est proposé de se rassembler avec lui à l’occasion de moments forts : au départ prévu à la MJC du Briançonnais jeudi 28 février à 10h30, à son arrivée à Marseille le 3 mars, plage des Catalans.

Vincent pour Alpes-Là : Un dernier mot ?

Théophile : J’espère de tout mon cœur pour Paolo de nouvelles chutes de neige dans les prochains jours.

Merci à Théophile, président de l’association Sentiers du Devenir pour cette interview pleine de fraternité. On souhaite bon courage à Paolo pour la suite.

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