Très Haute Tension, le roman militant de Lionel Daudet

Lionel Daudet est un alpiniste chevronné qui a réalisé de nombreux périples engagés et originaux dont “le Tour de France, exactement” par ses frontières (immortalisé dans le film du même nom) ; c’est aussi un voyageur infatigable qui aime nous faire voyager au travers ces récits.

Engagé, il l’est aussi au-delà de ses exploits. Vivant dans les Hautes-Alpes, il participe à sa manière à des mobilisations citoyennes : soutiens aux migrants, lutte contre un projet d’installation de lignes hautes tensions (dont les travaux sont déjà bien avancés) et sans doute d’autres.

Le roman militant Très Haute Tension est un ovni dans la littérature montagnarde, où les aventures se mêlent au politique.

Dès les premières pages, nous sommes projetés dans l’aventure avec une cordée de 3 alpinistes en expédition en Alaska mêlant alpinisme, base-jump et voile. De ce territoire reculé où l’Homme est en “prise directe avec la nature” qui a le pouvoir, ils vont devoir ré-atterrir dans leurs vallées civilisées avec toutes leurs ambiguïtés.

Le cœur du roman nous emmène alors dans ce combat inégal contre l’installation de lignes Très-Haute-Tension en Haute-Durance : face à la faible médiatisation de cette lutte, les manifestations laissent place aux sabotages ; notre romancier plante le décors et mêle habilement faits réels et actions des 3 protagonistes dont les trajectoires se divisent et se radicalisent : une militante, un installateur de pylône et un membre du Groupe d’Intervention en Haute-Montagne peuvent difficilement se côtoyer sans dommages… la cordée se disloque, c’est l’escalade de la violence ! Jusqu’où peut-on aller pour être en accord avec ses idées, son boulot, sa vie … et celle de ses amis ?

Le roman s’intensifie et s’accélère par un coup d’éclat de l’héroïne en haute-montagne pour tenter de parvenir à ses fins et faire reconnaître sa “juste” cause. La chute est spectaculaire et laisse le lecteur sans réponse : à nous de juger si c’est un cri de désespoir, d’espoir ou de victoire.

En fil rouge du roman et au travers ces personnages, on est interrogé sur la difficulté de nos choix en montagne et dans notre vie en société ; comment notamment assouvir ce besoin qu’ont les montagnards de renouer ou garder contact avec la nature trop souvent malmenée ?

Finalement, même s’il s’agit d’un roman, on a un peu l’impression de vivre les aventures d’un Daudet alpiniste et résistant par personnages interposés.
Il semble nous appeler à s’engager jusqu’à prendre nous-même les armes (pacifiques ou violentes), un message pour le moins inhabituel dans le monde de la montagne.

Aller plus loin

Non à la Très Haute Tension dans les Hautes Alpes – No to High Powerline in South-Alps from YUCCA FILMS on Vimeo.

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